Je suis partie en voyage un peu vite, sur une envie de vivre à fond, avec le besoin d’élargir mes horizons, l’impatience à mes trousses. C’était en octobre 2015. Bien sûr, mes parents étaient inquiets. Voici leur témoignage à chacun pour s’adresser de parents à parents. Ces témoignages sont à pouvoir faire lire à ton papa, à ta maman stressés de te voir t’envoler et partir voyager. J’espère qu’ils seront utiles, à toi comme à eux.
De mon côté, je souhaite remercier de tout coeur mon papa et ma maman qui ont accepté de livrer leur ressenti à coeur ouvert.
Ma fille part en voyage : témoignage d’un papa
Chère maman d’aventureuse,
Je suis de tout cœur avec toi, si d’un seul coup tu t’aperçois que ta petite fille est devenue une jeune femme qui souhaite partir à l’aventure. Aussi je te propose quelques idées qui me viennent de mon expérience de père d’aventurière et/ou de mes réflexions.
Tout d’abord, chacun de nos enfants est différent et il te revient donc d’apprécier la situation et la manière de l’accompagner. Il est évident que nous ne réagissons pas de la même manière suivant que nous pensons qu’elle est posée, pleine de maturité, qu’elle a déjà tout pensé, prévu… ou bien si nous la sentons plus téméraire, moins mature, voire insouciante… Mais qu’elle que soit la forme sous laquelle le projet t’a été présenté ou la nature de l’enfant, tu n’as pas trop de choix car comme le dit la maxime « les voyages forment la jeunesse » et il ne nous revient à nous parent d’accompagner leur choix, passé un certain stade.
Bon désolé, si tu lis ces lignes, il y a toutes les chances que ça te soit déjà tombé dessus plus ou moins sans prévenir ! Tu le sais bien, une fois que les enfants sont grands, il faut se faire une raison : ils choisissent leur chemin, construisent leurs projets et tentent de réaliser leurs rêves. À nous de nous adapter ! C’est aussi une étape à franchir pour les parents de voir les enfants quitter le nid. Et vice versa. Il faut plus de temps pour certains ; mais partir en voyage, découvrir le monde, c’est une des facettes du phénomène et tu as bien du y réfléchir un minimum non ?
Moi je suis carrément tombé de l’arbre quand ma fille m’a dit qu’elle envisageait de partir au moins un an. Elle a été maline, elle nous a dispensé les infos progressivement, genre : « Papa, maman, je ne sais pas ce que vous en pensez mais je ne sais pas si je vais travailler tout de suite, maintenant que mes études sont finies. », « Ah bon ! » répondons-nous « Et qu’envisages-tu ? ». « Je me disais que je pourrais partir voyager, découvrir le monde. » Nous en cœur après une rapide réflexion « Eh bien tu as raison, si tu ne le fais pas maintenant tu ne le feras pas plus tard quand tu auras des attaches ». Bon, à ce stade, on digère la nouvelle et on se rend compte qu’on avait rien vu venir et que notre pupuce est une aventurière que nous ignorions. « Et tu comptes partir avec un copain, une amie…? ». Ma fille : « Ah non pas du tout ! Si je veux rencontrer des gens, je dois partir seule ». Paf ! Houlà, toute seule ! Nous un peu plus tard : « Et tu voudrais partir combien de temps ? » Et elle de répondre qu’elle ne sais pas exactement « un an environ, j’ai mis plein de sous de côté ». Gloups ! Nous (légèrement angoissés) « Et quels pays envisages-tu de visiter ? ». Marelune : « Je vais prendre un billet sans retour pour visiter plusieurs pays » Ouch ! Bon, la bonne nouvelle c’est qu’elle voulait commencer par du rassurant pour nous : la Nouvelle Zélande, un pays sécure. La moins bonne c’est quand elle a parlé du reste, l’Asie et pourquoi pas de l’Inde. Là le papa a moyennement apprécié l’idée de la savoir en Inde, après tout ce qui avait traîné aux infos dernièrement. Mais bon, on a fait bonne figure. Pas vraiment le choix n’est-ce pas ? Après avoir encouragé la chose au premier stade, la surprise aidant.
Du coup si tu lis ces lignes, ça peut peut-être t’aider pour la suite à appréhender et accompagner le départ en voyage de ta fille ? Améliorer ou revenir sur ta réaction à chaud ? On a aussi le droit à l’erreur n’est-ce pas !? A mon humble avis, notre rôle en la circonstance consiste à leur montrer notre confiance en eux, notre amour et à oblitérer nos peurs. Oui oui, tu sais cet amour qui nous fait ressentir que nous devons les laisser partir, voler de leurs propres ailes ; pas celui un peu égoïste qui fait qu’on cherche à les protéger de tout et à les garder près de nous.
L’accompagner ! Oui c’est bien le mot d’une certaine façon. Car je ne doute pas un instant que ton cœur de mère ne va pas rester indifférent et battre à un autre rythme tout le long de son voyage. Je suis passé par la aussi (version paternelle) et je me doute bien que c’est encore moins facile vu de ton côté. À mon avis, tu peux lui monter un peu d’inquiétude car ça ne saurait faire de mal, au contraire car cela prouve que tu l’aimes. Et puis elle doit bien s’y attendre un peu non ? Mais la peur, garde la pour toi ! J’entends par là, cache la lui et partage la plutôt avec son père, ton compagnon ou ta meilleure amie à défaut, car la répartir un peu soulage et à plusieurs on peut mieux la gérer. L’important c’est de savoir son enfant heureux et épanoui.
En revanche, ce que tu peux légitimement demander c’est qu’elle te donne des assurances sur les aspects pratiques du voyage. Qu’elle montre qu’elle ne part pas totalement à l’aventure ! Attention à la manière de demander ces informations : avec diplomatie hein ! Tout aussi important, tu peux t’assurer qu’elle prévoie bien les manières de t’informer, de garder le contact pour te rassurer (vive les nouvelles technologies !). C’est aussi une assurance pour elle ; tu peux argumenter là-dessus au besoin. Et envoyer des messages, des photos c’est aussi nous faire partager son bonheur ! C’est ça aussi le voyage.
Cher père d’aventureuse ,
Tout ce que je viens de dire est aussi valable pour toi. En complément, je dirais qu’il y a le côté protecteur de la relation père-fille qu’il faut arriver à gérer. Pour certains pères, je pense que c’est plus dur que pour d’autres. Ca dépend beaucoup de nos caractères respectifs et de la nature de la relation. Moi j’ai toujours été impressionné par la maturité et l’équilibre de ma fille, alors ça m’a aidé. Curieusement chez nous, ce sont mes frères, ses oncles, qui ont eu le plus l’air de flipper de la savoir partir. La sécurité de nos enfants, et plus particulièrement celles de nos filles, relève clairement de notre rôle de père. Du coup, là il y a un saut psychologique à faire, une situation à accepter sur laquelle nous n’aurons quasiment plus de prise. Et oui ce n’est pas simple à intégrer ! Alors bon courage à toi… et bon vent à elle !
Ma fille part en voyage : témoignage d’une maman
Et un jour votre fille vous annonce qu’elle a décidé de voyager et de parcourir le monde avant de s’engager dans la vie active. Vous entendez : de voyager quelques temps… Et là elle vous précise qu’elle prend un billet aller sans retour programmé.
Et oui, notre petite pupuce a grandi, elle a 22 ans, elle a parcouru une scolarité sans embuche, est maintenant diplômée, adulte et prête à s’envoler.
Comme tous les parents, nous n’avons pas vu passer ces années. Bien que soucieux de leur donner le meilleur au travers de notre éducation, de les responsabiliser, de leur apprendre à profiter de chaque instant et de croquer la vie à pleines dents, nous n’avions pas encore vraiment conscience qu’ils deviennent si vite grands nos enfants !
Si là dans un premier temps j’ai ressenti de l’inquiétude au travers des questions classiques comme : comment cela va-t-il se passer ? Si loin comment va-t-elle faire ? Une question décisive a complètement modifié mon appréhension première : au même âge, si j’avais pu le faire, ne l’aurais-je pas fait ?
À partir de là, j’ai vu les choses sous un autre angle : il faut se faire une raison, nous n’avons pas des enfants pour les garder dans le nid. Elle est maintenant adulte et que souhaiter de mieux à nos enfants que de réaliser leurs rêves ?
Bien sûr, elle ne partait pas en voyage sur un coup de tête ; elle avait bien préparé son départ : un bon équipement, une bonne organisation, ce qui a contribué à nous rassurer car elle avait déjà bien fait le tour de la question.
Puis très vite est arrivé le jour du grand départ ! La grande aventure attendait notre fille à l’autre bout du monde, aventure que nous avons pu partager grâce à la messagerie. Et là, il faut reconnaitre que le progrès a vraiment du bon : nous recevions des photos, des petits mots, très régulièrement. Nous ressentions tellement fort ses émotions que nous nous sentions tout aussi proches que lorsqu’elle était à Paris.
De beaux témoignages de tes parents ! Je pense que le coeur de ma maman fait un sursaut à chaque fois que je lui annonce mes nouveaux projets de voyage ou de vie à l’étranger. Mais comme tes parents elle fait bonne figure, elle cache peut être ses appréhensions, et s’intéresse à tout ce que je projette de faire en essayant de ne pas me harceler de questions et elle me laisse partir les larmes aux yeux. Ma petite maman. Et dans le regard de mon papa qui ne dit trop rien c’est de la fierté que je lis.
Ils sont tellement bienveillants nos parents <3
Merci Célia pour ce commentaire touchant, plein de sincérité et de fierté ! Ils sont bien nos parents 🙂