Ceci est le récit d’aventure d’une rencontre exaltante avec une nature sauvage dans laquelle j’entrais. Je n’étais plus dans le monde des humains, l’animal était roi.
Népal, mars 2019.
Chapitre 1 – préparation
“J’avais pris toutes les précautions possibles et c’était bien peu. Je m’étais renseignée sur les animaux, leur manière d’être, leur façon de se défendre ou d’attaquer et surtout, comment réagir dans ces cas là. J’avais peur bien avant d’entrer dans leur jungle, leur territoire.
Pourtant, j’y étais déjà presque, à la lisière de la fôret, dans le village, les habitants croisent régulièrement des animaux, surtout de nuit, venus rugir un peu trop près. Là-bas, la vie est bien différente.
L’humain et la nature communient. L’humain respecte l’animal et ne le chasse pas, si ce n’est pour le faire fuir lorsqu’il détruit les plantations et les maisons de terre sur son passage. C’est tout.
Le matin où j’entrais à pied dans la réserve, je signais un papier qui précisait que moi et mon entourage renonçions à toute poursuite en cas d’accident, y compris mortel. Autant préciser que je n’étais pas à mon aise.
Nous n’étions que trois, mon compagnon, Nanu notre adorable et très expérimenté guide, et moi. Nanu avait avec lui une paire de jumelle et un bâton de bois pouvant servir à effrayer un assaillant potentiel mais, il avait surtout une parfaite connaissance du territoire et de ses habitants, de chaque bruit, odeur et trace.
Nanu il l’a connait par coeur la jungle et il l’aime, avec ses animaux. Pourtant, il la subit aussi. Chaque jour il l’arpente pour y emmener les visiteurs et chaque jour il a peur. Il en connaît les dangers mais Nanu a une femme et deux enfants à nourrir.
Avant d’y aller et pendant les deux jours avec lui j’ai peur même s’il tente de me rassurer. Il m’explique d’ailleurs que c’est bien d’avoir peur car il faut avoir conscience des dangers pour mieux les appréhender. Quand ce n’est pas Nanu qui vient à la jungle c’est la jungle qui vient à lui. L’année dernière, un éléphant sauvage est venu chez lui à la lisière de la réserve, dans son village tharu, et à détruit sa maison dans laquelle il stockait des réserves de riz.
Chapitre 2 – feel the jungle
“Être au coeur de cette jungle népalaise a été pour moi une expérience inédite, aussi fascinante que stressante. Pour la première fois de ma vie, j’ai été à l’affût, les sens en alerte.
?Il faut observer bien sûr, se concentrer sur son environnement, plisser les yeux pour apercevoir un animal au loin, les ouvrir grand pour ne pas manquer une petite bête ou une grosse dans la forêt dense. Il faut écouter surtout, pour savoir qui se cache dans le feuillage et savoir s’il faut avancer ou fuir : paon ou éléphant ?
? Sentir est important également, car les animaux ont des odeurs fortes et reconnaissables qui m’ont fait frissonné à la moindre essence affleurant mes narines. L’odeur du rhinocéros serait comparable à une chèvre, tandis que le tigre sent fort comme la litière d’un chat. Immanquable !
? Enfin, toucher, les herbes qui s’accrochent à mes bras, les rochers du lit de la rivière qui s’enfoncent dans la plante de mes pieds, alors qu’au loin repose au soleil un crocodile des marais la gueule ouverte.
Chapitre 3 – rencontres
Singes langurs, biches samba, oiseaux calaos et guêpiers, martins-pêcheurs et pics-verts… m’enchantent et me captivent. C’est toujours un soulagement lorsqu’un bruissement de feuillage me laisse découvrir l’une de ces espèces sans danger, curieuse, furtive et colorée.
Je n’échappe tout de même pas aux plus gros que je suis venue ici observer en liberté et en silence. Un rhinocéros se prélasse dans l’eau. Il nous tourne le dos, mais j’observe avec précision son unique corne qui le différencie de son cousin africain. Ses oreilles gigotantes se tournent comme des paraboles, signe qu’il a conscience de notre présence. Nous filons.
Plusieurs heures durant nous marchons. Quand la jungle s’épaissit, mon guide prévient en douce mon compagnon. C’est ici le domaine d’un tigre mâle. Les plantes se resserrent autour de moi, les feuillages sont plus foncés. Quand je sens son odeur, je suis sur le qui-vive, il est tout prêt… Nous remarquons des empreintes, des griffures aux arbres et des excréments, mais le tigre ne se montre pas.
Près de la rivière où nous nous arrêtons pour déjeuner, un guide est perché aux arbres. Il nous fait signe de nous taire et pointe du doigt le petit court d’eau. Plus loin, le tigre a traversé, preuve en est, dans les hautes herbes jaunes en face, un paon s’envole bruyamment. Zut ! Nous venons juste de le manquer. Dire qu’il a marché derrière nous. Après un moment à l’attendre, nous décidons de ne pas nous éterniser davantage.
Nous changeons d’endroit, prêts à patienter de nouveau. Il faut être obstinés pour croiser des animaux dans leur habitat naturel. Un autre spécimen rhinocéros se baigne, immergé jusqu’au cou.
Une heure plus tard, la chance nous sourit. Nanu s’agite et nous tend ses jumelles. Au loin, traversant la rivière, nous découvrons un tigre. Il est royal, ses lents mouvements au sortir de l’eau nous dévoilent une musculature impressionnante et un pelage lacéré de noir et orange. Il est là, celui pour qui je suis venue jusqu’ici.
Chapitre 4 – deuxième round
Je me sens heureuse d’avoir eu à portée de jumelle cet animal. D’ailleurs je suis assez soulagée de me tenir à bonne distance. C’est une récompense incroyable au vu du périple et de l’anxiété générée.
Nanu, prit par l’excitation veut nous emmener dans un autre coin de jungle, là où les herbes sèches me dépassent. Je ne suis pas rassurée mais nous le suivons. La tension monte. La précédente vision de ce tigre et ce décor n’offrant aucune visibilité m’inquiètent. Nous pourrions tomber nez à nez avec un animal. Nous empruntons leurs couloirs !
Cela ne manque pas ! Alors que nous marchons à la file indienne, un bruit attire mon attention sur la gauche. J’entends un faible grondement. Aucun doute, il y a bien un tigre a quelques fourrés de là qui nous indique sa présence. Nanu nous fait signe de prendre la direction inverse pour nous éloigner rapidement.
Mon coeur bat la chamade. Je ne suis plus calme du tout, à l’intérieur c’est la panique. Je veux sortir de cette jungle pour retrouver un semblant de confort, pétrifiée à l’idée que nous ayons moins de chance. Alors qu’un arbre se présente, j’y grimpe, comme pour prendre de la hauteur et me mettre à l’abri. Nous patientons ici, bredouille de nouvelle apparition, le temps de reprendre nos esprits.
Avant que le soleil ne se couche, nous quittons ce territoire sauvage au profit du village. Demain, nous reviendrons.”
Fin.
Et en bonus, une courte vidéo pour vous imprégner de l’ambiance du récit.
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Salut,
J’adore les photos, ça me donne envie de voyager ! Perso, j’aurais eu un peu peur de m’engouffrer dans la jungle comme ça, tu as bien du courage, je trouve !